Je me présente, je suis fleuriste, nouvellement installée, depuis novembre 2013, dans une ville de banlieue parisienne (36000 habitants quand même), dans un petit endroit sympa, entouré de jolis pavillons.
Plus de 10 ans dans le métier, maître d'apprentissage.... et un très très court passage par la Grande Distribution ! (n'allez jamais vous fourvoyer dans un tel lieu en tant qu'employé, car vous apprendrez vite ce que les mots ESCLAVAGE, irrespect, violences verbales et j'en passe signifient réellement).
Lorsque j'ai visité la boutique avant de prendre bail, je me suis dit chouette y'a 4 places de parking juste devant la boutique et qui sont incluses dans le montant du loyer... aucun risque de parking payant, ni de stationnement sauvage... Génial ! Idyllique en somme !
Sachant le lieu un peu retiré et ne voulant pas trop dépenser de sommes folles dans de la publicité inutile, nous étions tous d'accord pour assurer le service de point colis (vous savez vous commander sur un site marchand et pour ne pas payer la livraison, vous faites venir votre achat chez le commerçant du coin.... allez vous l'avez certainement déjà fait !).
Bon, ok le client qui achète des fleurs, je connais bien, il y a le comique, le frustré, l’indécis, l’exigeant … ceux-là je sais les gérer, mais une nouvelle ‘race’ que je ne connaissais pas a déboulé dans ma boutique : LE CONSONNAUTE ! Il fait peur quelque fois, même très peur, il a des réactions incontrolées, il est souvent agressif, très peu souriant, très PRESSE, exigeant et il y a une chose qu’il ne supporte pas : QUE SON COLIS NE SOIT PAS ARRIVE AU POINT RELAIS ! Une réponse comme ça il ne supporte pas, surtout à la veille d’un week-end ou encore pire le samedi après le passage du livreur, car il sait qu’il va être obligé d’attendre …jusqu’au mardi suivant, voire le mercredi !
Je suis moi-même consonnaute (deux fois par an environ), mais je ne crois pas m’être comportée de la sorte en allant chercher mon colis chez le commerçant du coin !
Et hop comme par enchantement visite d'un animateur le lendemain. Oh surprise ! Il se présente, nous indique rapidement la marche à suivre, que nous serions même <span "="">payés (0.30 centimes pour la remise d'un colis au consonnaute, pas de quoi devenir riche, mais de quoi payer quelques frais) pour cette prestation de remise de colis et pour la place que les colis occuperaient dans la boutique ! Il revient le lendemain, nous confie un drôle d'engin destiné à enregister au quotidien les colis en provenance des quatre coins de France ! Formation rapide (pas très compliqué, faut pas sortir de maths sup !).
Une fois les modalités en place, le passage de l'animateur réseau pour la troisième fois en quelques jours, nous avons enfin reçu nos premiers colis. Une dizaine pour commencer, rien de bien exaltant en soit, mais de quoi, je l’espérais vivement, acquérir au plus vite une clientèle fidèle, qui viendrait retirer son précieux colis et au passage en profiterait pour glaner ça et là quelques petites plantes ou quelques petites fleurs, discuter avec le fleuriste, prendre des conseils pour sa vieille plante qui traine au fond du couloir ou sur le balcon, et qui végète depuis quelques années !
Je sais, certains diront que je suis un peu naïve, que je crois encore et toujours que le pays des Bisounours existe... et bien je suis tombée de très haut !
Bon, bref nous rangeons les colis correctement, vérifions si la machine fonctionne bien.... tout est OK et nous attendons sagement le premier retrait de colis ! La première personne arrive, nous nous précipitons pour la servir vite (et oui un consonnaute NE DOIT JAMAIS PERDRE UNE SECONDE.....SAUF .... SUR LA TOILE, mais chez le commerçant, vous rigolez f'o pas que ça traîne....sinon il s'énerve vite le CONSONNAUTE, car là il a une vraie personne à engueuler).
Eh bien, je garderais à vie le souvenir du premier retrait de colis. Cinq colis au total pour la même personne sur une dizaine déposés par le livreur... ça aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, on aurait dû sentir le coup venir... et bien non !
La consonnaute entre dans la boutique avec la poussette, donne son nom ... et récupère ses colis. Et là tranquillement, sans rien demander à personne, avec un grand naturel, elle ouvre les cinq colis un à un, jette violemment les cartons d'emballage vides de leur contenu sur le parking de la boutique sans s'imaginer que se trouve des plantes et des fleurs autour d'elle, et qu'elle pourrait en abîmer (c'est pas grave, c'est pas elle qui paye les factures, et puis elle est pas là pour acheter des fleurs, non mais ! Nous n'osons, bien évidemment, rien lui dire (ce sont peut-être les pratiques des CONSONNAUTES) ; mais nous la regardons faire avec effarement ! Et ramassons les cartons vides bien sûr ! MEMORABLE la première visite de la consonnaute type ! MEMORABLE je vous dis, effarant même ! (je vous rassure les autres clients étaient beaucoup mieux élevés et corrects !), mais il fallait un souvenir à raconter à nos petits-enfants lorsque nous serons vieux ! Nous avons eu également « la sœur » de la première consonnaute, sourde, qui ne nous regarde pas, ne nous parle pas, n’écrit pas non plus. Elle nous tend sa carte de séjour, nous lui remettons ses colis, colis qu’elle dépose violemment sur les comptoirs pour les ouvrir afin que nous découvrions le contenu : de la lessive et des couches culottes ! bien évidemment elle range ses achats et nous laisse les cartons sans même nous saluer ni nous remercier ! Ca commence très fort notre vie de relais colis !
Le lendemain, revisite de l'animateur réseau, à qui nous racontons l'épisode de la veille : 'il ne faut pas les laisser faire ça, ils retirent leurs cartons et les ouvrent chez eux, mais pas dans votre boutique', nous dit-il un peu énervé ! Et nous annonce qu'aujourd'hui nous aurions 25 colis, et oui on approche des fêtes de fin d'année à grand pas, et le rythme va être soutenu jusqu'à Noël maintenant !
Chouette, 25 potentiels clients, 25 potentielles ventes, un rapide coup d'œil sur la provenance des colis : NESPRESSO, VENTE PRIVEE... que des grands noms de la Toile. Enregistrement des colis... un café et on attend les 25 potentiels clients consonnautes !
Ils arrivent plûtot en soirée, après leur journée de dur labeur et en profitent pour retirer leur colis en sortant du train de banlieue (en retard comme tous les jours !). Et en fin de journée, arrive une cliente, plutôt bien mise, propre sur elle, polie. Elle entre : bonsoir Madame, c'est pour retirer un colis. Oui (-elle donne son nom, la provenance de son colis), nous faisons un peu d'humour avec elle, lui remettons son colis. Nous apprenons qu'elle habite le quartier et qu'elle est super, mais vraiment, super contente d'avoir un fleuriste juste à côté de chez elle..... sauf (mais nous le constaterons plus tard), qu'elle n'achètera rien au fleuriste, même pas une boule de noël, un p'tit sapin pour mettre sur la cheminée, et qu'elle viendra 4 fois par semaine… pour retirer ses colis… uniquement ! Consonnaute assidue elle achète tout et n'importe quoi, et nous jette maintenant ses sacs rempli de dosettes de café usagées (en n'oubliant pas de RECLAMER les sacs NESPRESSO, comme si c'était un dû, non mais tu rigoles au prix de la dosette ! Elle n'a juste pas compris que le commerce essayait de vivre de la vente de ses fleurs, bouquets et autres compositions.... elle prend juste le commerce pour une annexe du bureau poste, et n'adresse jamais un regard pour mon environnement). Si, par hasard, elle lit ce blog (ce qui m'étonnerait) et bien qu'elle sache que je lui dirais bien ses quatre vérités en la torturant pour qu'elle jette un coup d'œil à mon métier !
Les jours passent, se ressemblent un peu par ce triste mois de novembre, nous voyons défiler au quotidien une vingtaine de personnes qui retirent leur colis, apprenons à en connaître quelques-uns, nous sympathiseront bien avec d'autres ... mais nous commençons à voir très souvent les mêmes têtes .... Ah le consonnaute assidu, derrière son écran, armé de sa carte bancaire.... Il est vraiment prêt à tout.
Mais les volumes de livraison de colis augmentent, et maintenant nous avons deux enseignes de point colis à gérer ... et là ça se gâte ! Et qui dit augmentation des volumes, dit aussi consonnaute AGRESSIF, prêt à tout pour retirer son achat. Eh oui, le consonnaute y comprend pas toujours pourquoi il n'a pas son colis sur son bureau en même temps que son clic de paiement !
Bon allez, c'est tout pour aujourd'hui... je remets un peu d'ordre dans mes notes, mes écrits et je poursuis le récit dans les jours qui arrivent !